Rétrospective Mathieu Amalric - Cinéaste - Longs métrages
Cinéma de verdure | Samedi 17 août | 21h30
En présence de Mathieu Amalric
Tournée
Mathieu Amalric
France. 2010. Fiction. 1h51
Scénario : Mathieu Amalric, Philippe Di Folco, Marcelo Novais Teles, Raphaëlle Valbrune
Image : Christophe Beaucarne
Son : Olivier Mauzevin
Montage : Annette Dutertre
Production : Les Films du Poisson
Interprétation : Miranda Colclasure, Suzanne Ramsey, Linda Marraccini, Julie Ann Muz, Angela De Lorenzo, Alexander Craven, Mathieu Amalric, Damien Odoul
Contacts : Les Films du Poisson
filmsdupoisson.com
Tél. +33 (0)1 42 02 54 80
Producteur de télévision parisien à succès, Joachim avait tout plaqué - enfants, amis, ennemis, amours et remords - pour repartir à zéro en Amérique à l’aube de ses quarante ans. Il revient avec une tournée de strip-teaseuses «New Burlesque» à qui il a fait fantasmer la France… Paris !
De port en port, l’humour des numéros et les rondeurs des filles enthousiasment les hommes comme les femmes. Et malgré les hôtels impersonnels, leurs musiques d’ascenseurs et le manque d’argent, les showgirls inventent un monde extravagant de fantaisie, de chaleur et de fêtes.
Mais leur rêve d’achever la tournée en apothéose à Paris vole en éclats…
« Fin 2002 (!) alors que le mixage de La Chose Publique n’était même pas terminé, Laetitia Gonzalez et Yaël Fogiel, les productrices, me disent : « Bon alors et maintenant, c’est quoi le prochain ?! » Alors, tout vide mais tellement touché par leur demande, je suis parti quelques jours avec Marcelo Novais Teles, un ami avec qui, souvent, j’aime à commencer à inventer. Et c’est un texte de Colette, L’envers du Music-Hall que je trainais dans mes poches depuis longtemps qui est remonté à la surface. Des notes de tournée, prises pour un journal qui les publiait en feuilleton, comme des croquis sublimes de sa vie d’actrice, de pantomime un peu scandaleuse (Colette avait déjà entre 33 et 39 ans), égarée en province : « Nous courrons vers l’hôtel, vers la loge étouffante, et la rampe qui aveugle. Nous courrons, pressés, bavards, avec des cris de volaille, vers l’illusion de vivre très vite, d’avoir chaud, de travailler, de ne penser guère, de n’emporter avec nous ni regrets, ni remords, ni souvenirs... » On a cherché des équivalents aujourd’hui, dans le striptease, dans la nuit, ailleurs, mais ça n’allait pas, on ne retrouvait pas l’attrait pour le mouvement, le goût de Colette pour une provocation pleine de santé, comme une déclaration de liberté, par le corps. Tout nous ramenait à des histoires de nécessité, de prisonnières. Et c’est un article d’Elisabeth Lebovici dans Libération qui racontait, de manière contagieuse, l’apparition des filles du New Burlesque un soir au Zèbre, un cabaret parisien. Sur une double page, déjà, des photos de Dirty Martini, la plus fellinienne, de Kitten on the Keys, celle qui joue du piano. Et soudain la sensation que Colette était là, dans cette sensualité drôle et torride, cette affirmation intime et politique de la beauté possible de tous les corps, de tous les âges, si hors code soient-ils, avec le plaisir dangereux à le faire, la timidité, le courage physique, la fragilité suspendue... Ça y est c’était parti. Mais à partir de bouts de papiers, de photos seulement, comme pour laisser l’imaginaire fleurir. » Mathieu Amalric